Après la COP29, le spectre de l’indécision

Réunies à Bakou en novembre durant deux semaines, les 170 délégations diplomatiques sont finalement parvenues à conclure un accord jugé déceptif par les associations environnementales et par les parties elles-mêmes. Si le texte final prévoit un léger rehaussement du financement international de la transition écologique, notamment à destination des pays en développement, il ne fait aucune mention de la sortie des énergies fossiles. Cette impasse dans la décision internationale interroge les experts et les observateurs sur l’utilité de la coopération internationale pour agir sur l’enjeu climatique. Dans le même temps, la finalisation du premier Traité mondial contre la production plastique doit aboutir à Pusan en Corée du Sud.

Qu’est-ce qu’un sommet international?

La sortie des énergies fossiles, grande absente des débats

Un avenir alimenté par les énergies renouvelables est désormais inévitable. Ceux qui prennent des mesures décisives et investissent aujourd’hui dans les technologies propres récolteront les plus grands bénéfices dans les années à venir” écrivent les Nations-Unies dans une note diplomatique. Un conseil que se sont bien gardés d’appliquer les délégations présentes à Bakou en Azerbaïdjan pour la 29ème édition de la COP. L’acquis principal de la précédente COP en Arabie Saoudite avait pourtant ouvert la voie à une “transition juste“. Mais à l’issue des débats menés à Bakou, la sortie des énergies fossiles a été évincée de l’accord. Un des derniers communiqué publiés laisse même entendre que le gaz naturel fossile pourrait être reconnu comme “une énergie de transition“, à rebours des recommandations émises par le dernier rapport du GIEC publiée fin 2022.

Dans une autre mesure, l’enjeu de la production de plastique, objet principal de la réunion diplomatique qui se tient actuellement à Pusan en Corée du Sud, semble avoir été largement rejeté des discussions à Bakou. Ce nouvel échec dresse “une perspective décevante” selon les représentants français. C’est dans ce contexte que les délégations environnementales sont de nouveau réunies en Corée du Sud pour finaliser la cinquième et dernière session de discussions visant à conclure un Traité mondial pour mettre fin à la pollution plastique. À peine remises de leurs échanges infructueux en Azerbaïdjan, l’objectif fixé par cette conférence vise pourtant à rendre opérant “un instrument international juridiquement contraignant avant la fin de l’année” rapporte Stéphane Mandard pour “Le Monde“. Les divergences d’appréciation sur l’urgence de la question et les conséquences inégales imposées par un texte contraignant pourraient ainsi compliquer la conclusion rapide d’un compromis.

De quoi emballer 50 fois la France dans du film plastique

Dans un scénario semblable à celui de la COP 29, l’accord de Pusan pourrait être partiellement vidé de sa substance. Cette énième opération de diplomatie laisse planer le spectre d’un nouvel atermoiement des négociations internationales sur le sujet climatique. Si la question du traitement des déchets plastique semble bien engagée entre les parties, notamment auprès des principaux pays émetteurs que sont l’Inde et la Chine, l’enjeu majeur lié à la production est quant à lui ignoré. Réunis dans une coalition d’intérets, les États pétroliers ne semblent pas décidés à accepter des mesures qui obligeraient leurs industries à réduire drastiquement la fabrication et l’exportation d’emballages plastiques. Pour autant, le risque lié à l’inaction politique est largement documenté par les expertises climatiques qui s’alarment d’un doublement de la production de plastique dans les 20 dernières années et d’un très faible taux de recyclage des différents polymères : 22% d’entre-eux directement dans l’environnement sans trouver de solution de traitement. Cette production exponentielle pourrait encore doubler d’ici 2050 si aucune initiative concrète n’est menée d’ici là, alors que la production annuelle de plastique dans le monde permet déjà “d’emballer 50 fois la France dans du film plastique” rappelle un observateur du GIEC.

Un homme en train de trier des bouteilles en plastique sur la décharge de Kibarani à Mombasa, au Kenya, le 3 juin 2018. (ANDREW KASUKU / AFP)

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Rédacteur de contenus pour l'Équinoxe Journal

2 réflexions sur « Après la COP29, le spectre de l’indécision »

  1. Pourquoi ne pas diminuer le nombre de COP pour leur donner plus d’importance? Les dernières COP s’enchaînent dans l’indifférence générale…

    1. En effet, la question se pose. Mais en espaçant les COP il sera plus facile pour les pays qui ne souhaitent pas s’engager sur des actes contraignants de se distancer de la question écologique. Ils seraient alors déchargés de rediscuter annuellement de leurs productions et de leurs exportations. Pour beaucoup de nations, ce rendez-vous est le seul terrain de dialogue sur la question climatique. Cette récurrence a au moins pour effet d’exercer une forme de pression utile aux négociations. En 2015, la COP de Paris avait débouché sur des Accords contraignants largement salués, preuve que des avancées sont possibles. On peut aussi noter que les États se réunissent plus régulièrement mais de façon plus restreinte pour discuter sur des problématiques écologiques précises, comme la production de plastique à Pusan il y’a quelques jours. Pourtant, sans que je ne sache expliquer pourquoi, ces sommets sont assez peu relayés, alors qu’ils sont parfois plus déterminants que les COP.

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