La présence intéressée de Viktor Orban lors de la cérémonie d’hommage à Jacques Delors

Un contexte européen particulier

Le décès du constructeur de l’acte unique européen Jacques Delors a réuni plusieurs dirigeants européens lors d’une cérémonie d’hommage ce 5 janvier à Paris, au coeur des Invalides. Parmi les invités, le tumultueux et contesté premier Ministre de la Hongrie, Viktor Orban, dont l’annonce faite de la présence a alimenté nombre d’intrigues. Selon plusieurs sources politiques présentes sur place, le déplacement du dirigeant hongrois proche de Poutine serait intéressé. En cause peut-être, le gel du versement des fonds de cohésion à destination de Budapest, suspendus jusqu’à nouvel ordre, officiellement pour atteinte à l’État de Droit dans son pays. Dès lors, l’homme fort de la Hongrie chercherait-il à rétablir le contact avec la machine européenne pour parvenir au déblocage des fonds, lui qui la dénonce pourtant avec virulence. Un rapprochement avec la Commission européenne présidée par Ursula Von der Leyen est souhaité par Orban, assis à quelques sièges l’un de l’autre pour assister ensemble à la cérémonie d’hommage rendue à Jacques Delors ce 5 janvier. Le premier Ministre hongrois, qui se fait l’oeil et l’oreille de Moscou dans l’Union Européenne, s’occuperait en coulisses de retisser les liens diplomatiques entre le Président Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine, actuellement préoccupé par sa réélection en 2024 et la guerre en Ukraine qui poursuit son lent processus de destruction sur le front est. 

Un déplacement hautement symbolique

Si le déplacement de ce dernier a été assez peu commenté, il est d’autant plus important de rappeler ici ce que peut représenter symboliquement sa présence aux bancs des invités. La distance idéologique qui sépare le modèle défendu par Orban contraste particulièrement avec les valeurs européennes pensées par Delors. Le dirigeant hongrois, qui appelait récemment à “ne pas danser sur la partition de l’Union européenne”, a menacé d’opposer son véto face aux dirigeants européens qui décideront en février prochain du financement d’une enveloppe de 50 milliards à destination de l’Ukraine. Si le chancelier allemand Olaf Scholz semblait avoir temporisé les véhémences hongroises en procédant au déblocage d’une partie des fonds pour un montant de 10 milliards en novembre dernier, il fait peu de doute que la défiance de Budapest à l’égard des instances de Bruxelles n’en finira pas, selon un diplomate européen. Les prochaines échéances concernant les négociations d’adhésion définitive de l’Ukraine nécessiteront bel et bien l’accord unanime des Vingt-Sept : la Hongrie pourrait alors être le seul pays à s’y opposer. 

  • Sources : Virginie Malingrebureau européen du journal Le Monde, Philippe Ricardbureau politique internationale du journal Le MondeAFP.

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Rédacteur de contenus pour l'Équinoxe Journal

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